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La Vendetta Corse

La vengeance pour l’honneur ou le devoir de se faire justice soi-même.

Dans l’aire culturelle méditerranéenne, les sociétés, où régnaient les clans, donnaient une place sacrée à l’honneur et à la parole donnée. Un meurtre, une atteinte à l’intégrité d’un homme : comme l’offenser, l’injurier, dénigrer son courage, sa virilité, et à l’honneur d’une femme avec des paroles ou des gestes déplacés, entraînaient la vengeance : la Vendetta.

La Vendetta était une coutume corse, par laquelle les membres de deux familles ennemies poursuivaient de génération en génération une vengeance réciproque exécutée essentiellement par des hommes.

« Le sang appelle le sang ! »

« Le Corse ne pardonne ni de son vivant, ni après sa mort. »

La grande Histoire de la Corse est jalonnée de récits de Vendetta à partir de faits réels ou fictifs, tous passionnants, et à la dramaturgie le plus souvent tragique.

Une Source d’Inspiration pour les Romanciers

Nombreux sont les écrivains comme Balzac, Mérimée, Maupassant, Alexandre Dumas et bien d’autres, qui ont écrit, parfois à la suite de faits divers, des nouvelles et des romans de vengeances aux héros fiers, courageux, romantiques.

Le plus célèbre d’entre eux est le roman (1840) de Prosper Mérimée Colomba, Histoire de la brune héroïne Corse déterminée, instigatrice d’une vendetta entre deux familles.

Guy de Maupassant a écrit en 1883 Une Vendetta.

C’est une courte nouvelle parue dans Les contes du jour et de la nuit où l’arme utilisée pour la vengeance, ni lame ni fusil, est très machiavélique et manipulée non par un homme mais par une vieille femme.

Il était une fois …au milieu du 19ème siècle…

Dans une pauvre petite maison accrochée à la falaise sur les remparts de Bonifacio, la veuve de Paolo Saverini habitait seule avec son fils Antoine et la chienne Sémillante « grande bête noire maigre ». De ses fenêtres elle distinguait, « à l’horizon sauvage et désolé », les côtes de la Sardaigne « qu’un vieux vapeur poussif » rejoignait tous les quinze jours.

« Un soir, après une dispute, Antoine est traîtreusement tué d’un coup de couteau par Nicolas Ravolati qui s’enfuit en Sardaigne. »

Quand elle reçut le corps de son enfant ensanglanté, la vieille ne pleura pas. Sidérée, sous le choc, elle le regarda longtemps. Puis elle s’enferma, seule, et « pleura de grosses larmes près du corps » avec la chienne qui hurlait de « façon continue » puis, « étendant sa main ridée sur le cadavre, elle lui promit la Vendetta ».

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 « – Dors, dors, mon enfant, Tu seras vengé ! »

Il fut enterré le lendemain et les gens l’oublièrent.

Le temps passa, la mère n’arrêtait pas de penser à la vengeance. Tous les jours, de sa fenêtre, elle voyait au loin Longosardo, le village sarde où se réfugiaient les bandits corses traqués, et où était Nicolas Lavorati, l’assassin de son fils, Mais comment faire, sans frères ni cousins, pour passer à l’acte ?

Elle avait juré, elle avait promis. Comment alors se venger ? Vieille, infirme, seule au monde, comment respecter sa parole ?

Elle passait ses nuits sans dormir avec, à ses côtés, la chienne qui gémissait et hurlait. Elle, non plus, n’oubliait pas Antoine.

Un plan diabolique germa dans son esprit torturé.

Et son projet prit corps…

Elle attacha Sémillante à sa niche, et l’affama pendant trois jours et trois nuits. Tenaillée par la faim, la chienne devint furieuse.

La vieille entama son plan en façonnant, avec deux bottes de paille, une silhouette humaine, elle l’habilla de vieux vêtements. Et, plaçant sur le mannequin de paille, une tête de chiffons et de cordes, elle l’installa devant la niche de Sémillante.

Puis, chez le charcutier du village elle acheta un long morceau de boudin noir qu’elle fit griller sur un feu de bois à côté de la niche de la chienne complètement affolée par les odeurs.

Ensuite « elle en fit une cravate à l’homme de paille »

et « détacha la chienne. »

Plus qu’affamée, la chienne se jeta à plusieurs reprises sur le cou du mannequin, elle « enfonçait ses crocs dans les cordes » pour dévorer morceau par morceau le boudin et mettre en lambeaux le visage de chiffons. Ce scénario fut répété pendant trois mois devant la vieille, « l’œil allumé ».

Puis elle changea de tactique. Elle continua d’affamer la bête pour la rendre féroce et, d’un seul geste de la main, la dressa à attaquer le mannequin. La récompense du boudin venant juste après.

Dès qu’elle apercevait l’homme, Sémillante regardait sa maîtresse qui levait un doigt et lui criait « Va !». Et elle dévorait.

La chienne étant prête, le temps de la vengeance était arrivé…

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Un dimanche, la vieille alla à l ‘église, se confessa et communia.

Puis, habillée de vieux vêtements d’homme, le morceau de boudin dans son sac, accompagnée de Sémillante à jeun depuis deux jours, elle traversa le détroit jusqu’à la Sardaigne.

Arrivée à Longosardo, elle trouva la demeure du menuisier Nicolas Ravolati,

« La vieille poussa la porte de sa boutique et l’appela :

— Hé ! Nicolas !

Il se tourna ; alors, lâchant sa chienne, elle cria :

— Va, va, dévore, dévore ! »

Sémillante le saisit à la gorge, arrachant son cou par lambeaux.

Deux voisins se souvenaient d’avoir « vu sortir un vieux pauvre avec un chien noir qui mangeait, tout en marchant, quelque chose de brun que lui donnait son maître. »

« La vieille, le soir, était rentrée chez elle. Elle dormit bien cette nuit-là. »

Vous aimez la littérature? Lisez l’article sur Le Parfum, histoire d’un meurtrier de Patrick Süskind!

Sylvie
Sylviehttps://www.destinationluxe.com
Passionnée de voyages, de littérature et de mode, je suis toujours à l'affût des dernières tendances à suivre! Vous trouverez également dans mes articles tous mes coups de coeurs et bonnes adresses!
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